Une séance de ciné ordinaire...

Publié le par Lilou

Confortablement assise dans mon rocking chair (1) je regarde la Mauchère suivre son cours en buvant un café... Comme j'aime ces instants de tranquilité! Ils précèdent, en général, de longues et interminables séances de correction - ingrédient indispensable pour flinguer son week end (2). Allez, appuyez sur PLAY (3)...
- Ca tourne!

Cette chanson, c'est le rêve d'une séance de ciné comme j'en voudrais tant: un bon film, une bonne place et un bon public. Chimérique. Il y a toujours comme un décalage entre ce rêve et la réalité. Même à raison de trois ou quatre films par semaine...
Assise au bar du ciné, à Ludres, en pleine conversation, j'avais comme d'habitude étalé mes affaires sans faire attention. Un couple de quadragénaire très classe est arrivé pour s'installer à côté de nous, aussi ai-je rapidement enlevé mon sac et mon manteau du tabouret voisin en m'excusant. D'un sourire, ils m'ont remerciée: monsieur a gallamment laissé madame s'asseoir, puis tous deux ont passé un commande avant de plonger dans la lecture du programme. Ce faisant, la main de monsieur caressait tendrement celle de sa compagne. C'est plus fort que moi, j'adore observer les gens, même quand je bavarde avec quelqu'un. Quel ravissant spectacle ces deux-là offraient!  
L'horaire de la séance, inhabituel, nous a imposé de rapidement boire notre café encore bouillant. Nous n'avons pas cherché longtemps où nous asseoir: c'était noir de monde dès notre arrivée. Curieusement, les premières publicités étaient systématiquement commentées par ceux qui étaient assis derrière nous. Lorsque le film a commencé, les réflexions continuaient de plus belle: l'acteur était pas mal, le réalisateur sur le déclin... D'ailleurs les actions étaient manifestement prévisibles:
- Tu vas voir, je suis sûr qu'il va...
- Tiens tu vois, je te l'avais dit!
- Oh, ça c'est trop gros!
Au risque de donner l'impression d'une petite vieille qui râle, l'idée qui m'a traversé immédiatement l'esprit, était celle de deux de ces jeunes d'aujourd'hui. Ayant justement une longue expérience de ce public, je me suis dit qu'un temps de réflexion s'imposait avant d'agir. Deux solutions se présentaient:
- attendre sagement qu'ils fassent silence
- me retourner en leur priant courtoisement de se taire
Au bout d'une demi heure, je me surprenais à ne rien comprendre au film. Impossible de me concentrer: le bla-bla de ces jeunes faisait comme interférence. Quelle idée de venir au cinéma pour bavarder et emmerder le monde - soyons honnête (et grossier)!
Les quelques gouttes de patience qu'il me restait étant en train de s'évaporer, je pris alors la décision d'agir.
- S'il vous plaît!
C'était dit sur un ton ferme, mais j'y tiens, poli. Quelle surprise pour moi de découvrir le couple de quadra du bar! Victime d'a priori, sans doute (qui peut se targuer de ne l'avoir jamais été?) j'en restai pantoise. Loin d'éprouver une gêne quelconque, la femme me sortit rapidement de mon étonnement en commentant longuement:
- Mais, qu'est-ce qu'elle a, celle-là? Non mais vraiment n'importe quoi! Tu te rends compte? C'est la première fois qu'on me parle comme ça!
Ne l'oublions pas, les fameux jeunes d'aujourd'hui sont le fruit de l'éducation des jeunes d'hier.
Je sais bien que je risque d'essuyer les sifflets mais... je n'ai rien su rétorquer, stupéfaite par tant de sans-gêne. Et lorsque j'ai repris mes esprits (suis sensible), je me suis empêchée de dire quoi que ce soit: le film serait de toute façon gâché. Impossible de changer de place: la salle était bondée. Si je répondais, on partait pour un échange musclé. Si je quittais la salle, c'était guère mieux. En prime, j'étais si furax, que le film se déroulait sans que je puisse rien y comprendre.
Curieusement, le générique de fin commençait à peine à défiler quand ils se sont levés... Fort dommage: j'avais prévu de régler nos comptes à ce moment-là...
- Coupez!

L'ASNL joue ce soir contre Lyon, premier au classement. A l'évidence, croiser les doigts jusqu'à la luxation de suffira pas. Je vous laisse: la pom-pom girl qui sommeille en moi va se préparer...

Post Scriptum
A l'attention de Mme Legourdin, éminente enseignante en Lettres, quelques modifications auraient dues être faites. Dans l'ordre:
(1) chaise à bascule
(2) fin de semaine
(3) ... pfff, on ne peut vraiment pas le garder, celui-là, dites?

Post- Post Scriptum
Consommation de pop corn/chocolat/chips ou autres lipides au cinéma: procédure à suivre...
- ouvrir le sachet, si sachet il y a, avant le départ du film
- prendre le premier pop corn/chocolat/chips ou autres lipides qui se présente à vos doigts - celui se trouvant au fond, qui vous demande de tout remuer, de faire du bruit et d'agacer vos voisins n'est pas meilleur. DE SERIEUSES ETUDES LE PROUVENT.
- une fois le pop corn/chocolat/chips ou autres lipides en main, ouvrir la bouche, l'y déposer, fermer la bouche et seulement une fois cette étape franchie, croquer. DE SERIEUSES ETUDES SCIENTIFIQUES L'ONT PROUVE: le fait de croquer (bruyamment) le pop corn/chocolat/chips ou autres lipides la bouche ouverte est la cause principale d'une perte de saveur incontestable. 

Publié dans Ça tourne!

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A
Clair que ce genre de séance craint... Mais personne n'y échappe!
Répondre
L
<br /> C'est là tout l'intérêt de mes billets: décrire, raconter des situations dans lesquelles on s'est tous plus ou moins retrouvés un jour...<br /> <br /> <br />