Mollusca.

Publié le par Lilou

Mollusca.

- En même temps, quelle idée de manger une limace pour remporter un pari ! Pour le coup, il a tout gagné.

Maya écoute distraitement le récit que lui fait son voisin, journal en mains. Un ado a relevé le défi de manger le mollusque, grillé sur le barbecue pour l'occasion, devant une assemblée hilare.

À l'instar des pains au chocolat et des chocolatines, les réseaux sociaux créent le débat : d'aucuns diabolisent la bête tandis que d'autres l'érigent en victime. Fournées de cookies en vue.

D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, Maya s'est toujours souciée des limaces comme des escargots (une fascination semblable à celle qu'elle avait pour la gadoue). Lorsqu'elle les apercevait au milieu d'un chemin, elle s'emparait d'un bâton, les soulevait avec délicatesse et leur offrait un voyage aux frais de la princesse. Lorsqu'il avait plu, elle les regardait avec émerveillement sortir de leurs cachettes et s'aventurer dans une dangereuse traversée. Parfois, le sol séchait trop vite et ces pauvres bêtes peinaient à avancer. Alors Maya courait à la maison et revenait avec un petit arrosoir. Des trombes d'eau tombaient sur les fragiles antennes qui n'avaient sans doute pas demandé autant de prévenance.

Aujourd'hui, c'est jour de course et ça tombe bien : la pluie de la veille a mouillé les sols. Quel plaisir de poser ses baskets sur la terre humide, de sentir les odeurs des végétaux ! Quel bonheur de passer sous les branches et de les secouer pour recevoir de rafraîchissantes gouttelettes ! Pourtant c'est aussi le moment où elle devra faire plus que jamais attention aux usagers de la route : les limaces et les escargots seront de sortie. Parfois elle fait des écarts ou saute pour les éviter. L'idée d'une coquille explosée ou d'un corps écrasé lui est insupportable. Gare à elle si elle quitte le sol des yeux ne serait-ce une minute : elle sentira, sous son pied, le cadavre de sa victime et pestera après l'imprudente. 

Empathie ? Générosité ? Amour des bêtes ? Nobles sentiments pour quelqu'un qui n'hésite pas à écraser froidement toute araignée s'aventurant chez elle.

Quant à l'ado amateur de limace, ce met raffiné lui a valu 8 mois de coma et une vingtaine d'années de souffrance. Avant de rendre l'âme. Reconnaissons-le, l'animal, relégué au rang de merguez, s'est vengé avec un certain panache.

 

 

 

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