L'étreinte

Publié le par Lilou

L'étreinte

Douce transgression... Il est six heures moins le quart, un de ces lundis matins que Maya abhorre tant. Les honnêtes gens sont encore probablement sous la couette, dans leurs rêves ou assis au bord de leur lit en train de se préparer mentalement à commencer leur semaine. À contre-courant, comme à son habitude, Maya se trouve dans un tout autre univers.

Groggy, sa tête dodeline au rythme de la musique. La dose était trop forte. Tout cela annihile son esprit critique : elle se laisse emporter par le courant. C'est une belle étreinte qui s'offre à son regard, sous la douce lumière des bougies et d'une improbable vapeur qui s'abat aussi sur son esprit.

Elle les observe, longuement, sans pudeur. Ils offrent à son regard leur complicité, la beauté de leurs corps alanguis ; ils ne font qu'un et ne bougent plus. Maya peine de plus en plus à les distinguer et sa tête tourne de plus belle. Elle se rafraîchit un peu le visage avec de l'eau et soudain reprend ses esprits.

Pendue à son cou comme une jeune fiancée refusant de voir son amour partir à la guerre, la trotteuse étreint farouchement la grande aiguille depuis au moins un quart d'heure. 

Maya voulait juste commencer la semaine en douceur, avec un vinyle , un bain rapide, une bougie. C'était sans compter les effets des médicaments et l'égoïsme de la petite AAA de l'horloge qui a choisi précisément cette matinée pour rendre l'âme. Sans crier gare. Forcément.

Quoi de plus transgressif que de ne jamais arriver à l'heure au travail ?

 

 

 

 

 

 

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