Good vibes

Il est près d'une heure du matin lorsque Maya se décide à dormir. Elle baisse les volets. En face, son voisin n'est pas couché non plus : les stores laissent apparaître les lumières du séjour. Il profite de son dernier jour de vacances pour terminer ses travaux.

Installée à sa coiffeuse, elle entreprend de se démaquiller. Il en faut, du courage, à cette heure-là. Sa bravoure a ses limites, toutefois : voyant le maquillage utilisé ce matin traîner sur la tablette, une fois n'est pas coutume, elle ouvre son tiroir et d'un revers de main y fait glisser son fard à joue. Elle le pousse un peu pour pouvoir fermer le tiroir déjà bien rempli.

Le démaquillage a eu au moins le mérite de la fatiguer. De retour dans sa chambre, elle éteint immédiatement les lumières. Et c'est un vrombissement qui met un coup de pied au derrière de Morphée, surpris par tant d'aplomb. Maya rallume. Une minutieuse inspection ne révèle aucune présence d’insecte. Elle entend pourtant distinctement le bruit. Elle regarde le fenêtre : parfois, un hélicoptère passe dans la nuit pour se rendre à l'hôpital, non loin. Mais le bruit ne s'éloigne pas. Son voisin ! Elle ouvre ses volets : il fait désormais nuit noire en face.​​           

Maya pense soudain à sa machine à laver : elle l'aura programmée à la mauvaise heure. Non. Peut-être le lave-vaisselle, alors. Non plus. 

Elle retourne dans sa chambre, bredouille. Énervée. Réveillée. Elle n'entend plus que ce bruit que son agacement multiplie par dix. Misère. Le réveil sera difficile demain.

Elle se souvient que ça s'est mis à faire du bruit lorsqu'elle a éteint la lumière. Peut-être un faux contact de l'une des lampes. Elle recule sa table de nuit, débranche sa lampe. Attend un moment. Rebranche difficilement - elle est dans le noir. Vrrrrrrrr... Ça la rend dingue. Elle essaie la prise de sa platine. Idem. 

Impossible de s'endormir dans ces conditions. Exit l'idée des boules quies : direction la coiffeuse. Elle débloque son tiroir non sans difficulté. Eurêka. Le fard à joue était pressé contre un bouton ON.

Demain, elle cherchera une belle boîte. Comme une enfant qui ne sait pas où ranger ses jouets. Ceux-ci n'ont certainement pas leur place dans un tiroir déjà plein à craquer de maquillage, non. Même s'ils lui colorent aussi joliment ses joues que son fard.