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"Toute ressemblance avec des faits et des personnages actuels ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coincidence..."

- Jolie robe ! - Détrompez-vous, c'est une couverture

- Jolie robe !  - Détrompez-vous, c'est une couverture

Maya referme son livre et le pose sur la table. Elle avait prévu de poursuivre avec ''Miroir de nos peines'' de Pierre Lemaitre... Mais alors qu’elle vient de quitter la Seconde Guerre mondiale avec Le Clézio, cette quatrième de couverture commence avec ces mots : "Avril 1940 (...)".

Maya a envie de légèreté. Ça tombe bien, il y a ce petit Irving qui l'attend depuis quelques mois. Son univers déjanté fera parfaitement l'affaire.

Elle sourit. Choisir un bouquin, c'est un peu comme choisir un vin… Faute de temps ou d'habitude, on le choisira dans une grande surface. Le connaisseur ira plus volontiers dans une cave, débusquer de bonnes histoires ou dans une librairie indépendante à la recherche d'un millésime qui ravira ses papilles.

Au premier regard, on est séduit par sa robe. Ou sa couverture, c’est selon. Pourtant, l'une comme l'autre ne disent pas tout, pas plus que ces mots qui les décrivent et vous promettent une merveilleuse balade onirique. On feuillette l'un, enlève soigneusement la capsule de l'autre. Délicats effeuillages, précieux silences, exquises impatiences.

Il est des produits destinés à une consommation rapide et d'autres dits de garde. Madame Bovary attendra patiemment tandis qu'un rosé bien frais...

Parfois, un roman s'accorde merveilleusement avec une tranche de vie. On prend plaisir à le déguster. Et toujours les forêts, sied au confinement, pareillement à un Châteauneuf du Pape au chocolat noir.

Certains se forcent à lire un mauvais bouquin jusqu'à la lie, d'autres préfèrent le condamner à la première gorgée. C'est de la piquette, c'est bouchonné. Ils le vident, violemment (Maya trouve le geste violent à l'égard du producteur). Dans un évier. Sur le gazon, l’été. Recraché dans un verre par un malotru. Parfois, en lui donnant une chance, on a de belles surprises (rarement vrai, reconnaissons-le, pour le pinard).

La décantation est un acte noble. Pourquoi ne pas arrêter la lecture à la dixième page et reprendre plus tard si l’on n’est pas « dedans » ? Quelques jours, mois, années après, Maya fait parfois avancer le marque-page plus vite que jamais. Mise en carafe, l'histoire s'apprécie différemment. 

Maya se rappelle avec précision de l'une des aventures des Six Compagnons, dont elle était férue. Il était question d'une bouteille à la mer. Cela l'avait fait beaucoup rêver. Une bouteille à la mer, s'abreuver de bons mots… Les vers remplissent les verres. Maya avait d'ailleurs tenté l'expérience, enfant. Mais il y a fort à parier que, jetée dans une petite rivière, ladite bouteille n'ait jamais trouvé de destinataire...

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