23 Février 2011
La sonnerie du portable de Maya la fait soudain bondir de son lit. Sourcils froncés, elle cherche du regard sa chaîne pour connaître l’heure. Une pile de CD mal rangés l’oblige à se redresser davantage. Oups, au fond du lit, à 19h30, il semble difficile d’être ponctuelle à son rendez-vous avec François – fixé précisément à cette heure. Justement, c’est un message de son ami qui s’affiche. Péniblement, elle se traîne vers son mobile et rédige une brève mais éloquente réponse :
Dsl. Malade. Te tél 2m1. Biz.
Avec la meilleure volonté du monde, elle n’aurait pu se traîner jusqu’au bar à vin qu’elle affectionne tant. Il y a comme une enclume qui pèse sur sa tête, lorsqu’elle tente de la soulever de ses oreillers. Un autre message va toutefois lui faire regretter sa petite santé :
Dommage. J’ai trouvé la maîtresse. Elle remplit toutes les conditions.
Se doucher, s’habiller, se maquiller, se parfumer, se chausser pour sortir, parler, rire et picoler est au-dessus de ses forces. En revanche, elle est équipée de deux pouces « de compét’ » qui lui permettent d’écrire des messages jusqu’au bout de la nuit. Quelle femme digne de ce nom aurait pu résister à la tentation d’en savoir plus ? Ca, c’est un potin de première catégorie !
??? Dis-m’en plus !
Il y a quelques jours, à l’Echanson, sous le regard bienveillant de Bacchus, Maya et François avaient évoqué l’ennui qui s’installe dans les couples, passé un certain temps. Ils étaient tombés d’accord sur le côté inéluctable de la chose et avaient passé en revue toutes les solutions : partir en vacances, déménager, sortir plus souvent, s’accorder des moments privilégiés sans y convier systématiquement enfants, parents ou amis, revoir la déco de l’appart’, renouveler la lingerie de Madame,… Finalement, une proposition s’est largement détachée du lot : prendre un amant. Mais en CDD, cela s’entendait: le but de la manoeuvre est de lutter contre la monotonie dévastatrice, en aucun cas d'abandonner …
Dsl. Plus de batterie. On en reparle qd tu seras rétablie. Bon rétablissement. J’t’embrasse.
Dépitée, Maya lance négligemment son téléphone sur la couette. S’il y a bien une chose qu’elle déteste, c’est attendre. Soudain, la fièvre a comme disparu ! Si elle était sûre de l’y trouver, elle serait bien capable de se préparer pour le rejoindre dans leur repaire. Ainsi, son cher François a cédé à l’appel du Dieu du vin, de l’ivresse et des plaisirs enivrants de la chair...