30 Juin 2014
Maya pousse tranquillement son caddie dans les allées de son supermarché. Une fois n'est pas coutume, elle " rayonne dans les rayons ", ravie d'échapper à la foule. Le magasin est VIDE!
Elle prend son temps à la charcuterie, n'a même pas besoin d'un ticket puisqu'il n'y a qu'un couple devant elle. Une dame tient la main de son mari d'une étrange façon, un peu comme ces mères qui ont peur que leur enfant ne trompe leur vigilance et traversent la route sans regarder.
Le visage patibulaire de Madame ne passe pas inaperçu et tranche avec celui de Monsieur, qui s'appuie, livide, sur le caddie, comme le feraient des petits vieux avec un déambulateur. Il transpire la tristesse par tous les pores de sa peau: ainsi courbé, il semble porter toute la misère du monde sur son dos.
Madame commande son jambon et, ce faisant, a lâché son enfant quelques instants: elle veille à ce que les tranches soient assez fines, d'un oeil de lynx auquel son infortuné compagnon se soustrait pour quelques moments - sans doute les derniers avant que le foyer ne manque de jambon.
Pauvre homme. Il ne bouge pas, presque prostré. Soucieuse de voir une petite lumière égayer ce visage éteint, Maya joue l'étourdie et tape son caddie et le sien. Suffisamment pour le sortir de sa torpeur, mais discrètement pour éviter les foudres du dragon. Contre toute attente, il lève à peine la tête, ne répond au regard rieur de Maya qu'avec un petit soupir...
Hé!!! mais que ce passe-t-il? Alors que Mme prend son pied à torturer le jeune commis, lui semble au bord du désespoir! Comment peut-elle être à ce point insensible à ce crève-coeur?
Soudain, un cri retentit au loin. Un cri terriblement puissant. Si fort que quelque chose de grave a dû se passer. Suffisamment grave pour que le présumé homme maltraité, soudain, se réveille. Il tend l'oreille, repère la provenance des cris, des hurlements auxquels d'autres personnes se sont jointes. Et il court, laissant Madame et son salami. Il court comme un fou. Madame met ses mains sur ses hanches et pince les lèvres, en signe désaprobateur.
Maya, un instant pantoise, se décide à le retrouver, laissant son caddie au salami. Elle court même. Et ne tarde pas à retrouver la trace de l'homme maltraité... en compagnie des vendeurs, hilares, sautant, se prenant dans les bras et riant de bon coeur.
C'est le premier but de la France face au Niger.*