30 Juillet 2013
J’allais finir par oublier l'histoire de la brosse à dents de Monsieur Benedict Cumberbatch quand soudain, je suis tombée sur ça :
Des Anglais, des Allemands, des Espagnols, des Russes, des Italiens, une véritable tour de Babel s’est emparée du phénomène… Encore que… N’avez-vous donc rien remarqué ? Là ! Dois-je vous tendre une… loupe ? Pas un Français, ni même une Française à l’horizon ! Me serais-je donc trompée ? La Cumberbatchmania aurait-elle trouvé ses limites aux frontières de la France ?
À l’évidence, Monsieur Benedict Cumberbatch, vous ne savez pas comment vous y prendre avec les Frenchies ! Vous êtes excusable : l’exercice requiert des aptitudes certaines. Tant de grands noms s’y sont cassé les dents ! Grattons-nous un peu la tête pour vous donner quelques pistes à explorer. N’étant pas une fan (je n’ai de réelle admiration que pour mes parents, quelques profs, deux ou trois amis et Bernard Pivot, un présentateur télé qui m’a fait découvrir la littérature), my 37-year old head (ouaw !), sera peut-être dans la mesure de vous guider dans la jungle française…
Les journaux télévisés, les émissions culturelles, les magazines qui donnent la parole aux étrangers sont très exigeants: ça passe ou ça casse. Les Français souffrent d’un complexe d’infériorité en matière linguistique. Quand ils reçoivent, ils parlent anglais, quand ils sont reçus… ils parlent anglais. La réciprocité est rarement de mise aussi le public tombe-t-il réellement en pâmoison devant celui ou celle qui articulera, même avec le plus terrible des accents :
« Bonsoir ! »
… continuera en anglais…
et terminera avec un :
« Merci beaucoup ! Au revoir ! »
Cinq mots, certes. Probablement appris dans la loge, en vitesse. Et même soufflés dans l’oreillette. Mais quand même ! Mais quand vous irez dans les studios de Canal +, il faudra la jouer plus fine. Ne vous humiliez pas à dire des banalités du genre :
« J’adore Paris ! »
…parce que Paris, ce n’est pas la France. N’acceptez pas de manger des escargots qu’aura préparé le cuisinier du plateau en votre honneur. Tous les Français ne mangent pas ces animaux visqueux ! Lâchez-vous sur le (vin) rouge et le Champagne si le cœur vous en dit mais pitié, ne réclamez pas du saucisson, une baguette et un béret – la guerre est finie ("War is over", special thanks to John Lennon) !
Passé ce point culinaire, venons-en au vif du sujet : le Français. Curieuse bête. Au premier abord dépourvu d’humour (parce qu’anglais, paraît-il), méfiant, il croisera les bras et vous toisera un temps. Un temps qui vous paraîtra une éternité. Allez vers lui, avec le sourire mais ne le nourrissez pas : il peut mordre. Sérieusement, allez-y confiant (il sent la peur), regardez-le, droit dans les yeux. C’est ainsi que notre Jean Gabin national a fait craquer Michèle Morgan. Prenez-en de la graine :
A famous quote of Jean Gabin to Michèle Morgan in the movie "Quai des Brumes" : T'as d'beaux yeux, tu sais ! (you have nice eyes)
Toujours à cause de ce fichu complexe d’infériorité, le présentateur pourra se montrer vicieux et vous tester. Hors de question de répondre WTF si on vous demande ce que vous pensez du Président français (dont on se gardera bien de vous rappeler le nom). De même l’acteur français, la chanteuse française que vous avez en estime intéressera le public. Pitié, même si elle est géniale, oubliez Piaf : on croira que vous avez avalé un guide touristique tant cela est dénué de charme ("charmless" man, special thanks to Blur). Ne faites pas le malin en reprenant Lady Marmelade et en chantant :
- Voulez-vous coucher avec moi ce soir?
Imprégnez-vous de la scène française du moment et sortez quelque chose d’actuel. Intéressez-vous à la culture mais attention : il y a un temps pour rire et un temps pour réfléchir…
Trouvé chez vos fans. Dément. There're waiting for the Man (spe. thk. to Velvet Underground)
Voilà ce qui me vient à l’esprit pour le moment. Je complèterai mon billet si d’autres idées me traversent la tête la nuit, en interrogeant un élève au tableau ou en allant courir.
Si d’aventure je parvenais un jour à sortir un livre (I'm a "paperback writter" spe. thk. to The Beatles), si d’aventure il tentait de traverser la Manche à la nage, j’espère que vous seriez capable de me proposer des conseils de semblable qualité. C’est peut-être l’occasion de vous apprendre votre première expression française :
Avec des « si », on mettrait Paris en bouteille.
Bonne nuit, Monsieur Cumberbatch. Et merci d’avoir permis l’écriture de ce billet.
Yours sincerely,