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"Toute ressemblance avec des faits et des personnages actuels ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coincidence..."

La dragueuse des supermarchés (partie 1)

         Incroyable Maya...

Loin de se contenter de regarder Sex and the City, d'admirer le culot de ses héroïnes lorsqu'il s'agit de draguer les mâles d'égale à égal, elle a décidé de rivaliser d'ingéniosité pour courir les pantalons. Simplement voilà, il ne s'agit pas seulement d'imiter, encore faut-il avoir l'étoffe de ces femmes libérées... 

f e f e f e

En écoutant cette chanson de Dutronc, elle a trouvé son terrain de chasse: le grand supermarché du coin était idéal pour prospecter. Sans se fixer de délai particulier, elle s'est contentée d'ouvrir les yeux: avant même d'entrer dans le magasin, elle l'avait trouvé. À la station essence, elle pestait parce que le client avant elle mettait un temps fou à payer, ce qui l'empêchait de se servir. Jusqu'à ce qu'elle aperçoive un magnifique spécimen, à la pompe d'à côté : une sculpture romaine. Le genre qui n'aurait pas fait tache dans un musée à Rome, à côté du Discobole...

disco

Grand, mais pas trop ; musclé, mais juste ce qu'il fallait ; blond, mais pas tape à l'oeil. Et avec ce détail inattendu qui lui a plu: il avait pris une serviette en papier, pour ne pas se salir les mains. C’est que Maya regarde beaucoup les mains qui en disent long sur leur propriétaire, à l'instar des chaussures. Les hommes soignent leur coiffure, leurs vêtements, leur barbe, leur parfum. Rarement les mains et les pieds font l'objet d'autant d'attention. C'est là que l'on peut voir si c'est de l'esbrouffe.

Leurs regards ne se sont pas croisés: il s'est servi, a soigneusement refermé le bouchon et a démarré, plutôt rapidement. Soupir:

       - Dommage, si je l'avais croisé dans un rayon, je ne l'aurais pas manqué!

Plus tard, en errant dans les allées à la recherche de ce dont elle se souvenait de sa liste oubliée chez elle, son caddie heurta un autre. Cela eut le mérite de la réveiller: aussi improbable que cela puisse paraître, la divinité grecque de la station essence se tenait là, devant elle. La perfection sur Terre. Il était exactement de ceux qu'on n'avait pas envie d'entendre parler de peur que sa voix, son rire, son accent, son haleine ou son propos n'explose le rêve en mille morceaux.

Pour une surprise! Cette fois, elle ne s'est pas privée de lui adresser un regard, des plus évocateurs. Il le dévisagea un moment - l'air de rien, cinq secondes, c'est long - et poursuivit son chemin. Digne d'un scénario hollywoodien. Comme quoi, les râleurs qui disent toujours, pendant une projection, que ces choses n'arrivent qu'au cinéma, feraient mieux de se concentrer, en faisant leurs achats...

C'est là que Maya se rendit compte qu'il y avait toujours un fossé, un gouffre, entre ce qu'elle se promettait parfois de faire, et sa réaction lorsqu'elle se retrouvait au pied du mur. Elle n'avait pas le talent, ni le cran de lui dire quoi que ce soit. Longtemps, elle tourna en rond avec son caddie, sans regarder les produits, les yeux perdus dans le vague, à la recherche d'un plan d'attaque. Rien ne lui vint hélas à l'esprit. 

À la caisse, elle regardait distraitement au loin, dans l'espoir de le voir arriver. Mais c'était vain. En désespoir de cause, Maya s'en est allée dans la parfumerie d'en face.

J'entends d'ici les sifflets devant vos écrans et je m'y associe: c'est qu'elle a a-bu-sé!

Comme beaucoup de femmes, lorsqu'elles sont contrariées, elle compense souvent par un achat. Elle sentait un parfum pour homme qui lui plaisait particulièrement. Sourcils froncés, elle semblait si irascible qu'aucune vendeuse ne se risqua à lui proposer de l'aide... Elle s'apprêtait à partir lorsqu'elle aperçut, devant elle, précisément à la caisse où elle était passée, le magnifique homme responsable de son humeur. Il fallait saisir cette troisième chance.

Maya savait parfois se montrer spontanée, très spontanée: elle prit la languette en carton où avait été vaporisé le parfum et écrivit:

 Je n'ai su résister!

Son numéro de portable précédait, bien sûr, le message. Elle attendit un moment avant de se lancer. En fait, elle cherchait un signe encourageant: un sourire qu'il aurait adressé à la caissière, qui lui aurait donné une allure sympathique et gentille, prêt à recevoir ce genre de message. Rien. Il n'avait l'air ni gentil, ni méchant. Rien d'encourageant. Ni de décourageant: elle s'en alla vers lui, d'un pas qui se voulait décidé. Il rangeait ses courses dans un sac où elle glissa la fameuse languette parfumée:  

- Tenez, je trouve que cela sent très bon!
Elle avait dit cela sur un ton enjoué. Elle avait pris son temps mais ne s'était pas attardée non plus pour voir sa réaction.

Quelques instants plus tard, dans sa voiture, avant de s'en aller, elle savourait sa toute petite victoire - victoire sur elle-même, c'est entendu. 

f e f e f e

16 heures: je prends mon café avec Maya. Elle est sur le point d'ouvrir la bouche quand son portable la coupe. Un numéro ne figurant pas dans son répertoire s'affiche. Sans réfléchir, elle me donne son téléphone:

       - Je suis partie de chez toi il y a quelques instants et je l'ai oublié. Je reviendrai le chercher plus tard, ok?

       J'obtempère, sans chercher à comprendre. Il faut dire que je suis habituée à ses élucubrations. Sans mot dire, je décroche.

Notre échange dure un petit moment - une éternité pour Maya. Aussi, j'ai à peine le temps de raccrocher qu'elle s'enquiert:

        - Alors?

      - Qu'est-ce que tu as fait? Explique-moi d'abord cette histoire. Je te raconterai ensuite.

        Docile, Maya obéit au chantage. Rapidement, le plus rapidement possible: elle veut absolument savoir ce que nous nous sommes dit.
      Il connaît son prénom. Curieux, Maya n'a pourtant pas le souvenir d'avoir signé le billet. Dans la précipitation, elle l'a sans doute oublié. En tout cas, il semblait déçu de ne pas l'avoir eue au téléphone. Il a apprécié le geste, a dit qu'il essayerait de la recontacter dans la soirée, a demandé si son numéro s'était bien affiché sur son portable... Je la chambre:

       - Digne du début d'un épisode de Sex and the City...

Le soir, comme convenu, il l'a rappelée. Comme elle était à son travail - et lui, au sien - ils ont convenu de se recontacter le lendemain...

      Hélas, je ne vois pas Maya avant ce soir. Il va falloir attendre pour avoir la suite de ses aventures, dont elle m'a garanti la primeur et surtout l'exclusivité. Aussi dois-je m'arrêter ici. Comme c'était écrit quand j'étais petite à la fin d'un épisode : 

 

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P
J'apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n'hésitez pas à le visiter. <br /> Cordialement
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M
Wow. Nicely written! You have given a great insight. I have learned about this era in my history classes. The statue signifies a lot of changes that happened during that period. Anyway, thanks a lot for sharing this informative post.
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L
<br /> <br /> ...et la suite????<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Elle arrive, elle arrive! Quelle impatience, dites-moi!<br /> <br /> <br /> <br />
A
Tu as tellement su ménager le suspens que l'on attend avec impatience le prochain épisode!!! <br /> Miam, miam!<br /> Celle qui n'a pas craqué sur le délicieux rocher au chocolat blanc de chez Waida... <br /> <br /> <br /> ... mais qui craquera peut-être demain! _ moi aussi je sais ménager le suspens...
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L
<br /> <br /> Le suspens était d'autant plus présent que l'histoire est vraie! Cette Maya, quelle drôle de dame...<br /> PS: résiste au chocolat, résiste encore! N'oublie pas: pour ces trois minutes de plaisir, tu devras souffrir trois heures de sport...<br /> <br /> <br /> <br />
P
Super la petite histoire!!! Et très original le coup du parfum et du petit message... En effet digne de sex and the city...<br /> <br /> bonne continuation!
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L
<br /> Merci Princez! Ma chère Maya t'a donc autant étonnée que moi, je vois... Alors, je vais m'empresser de te raconter la suite!  <br /> <br /> <br />