Il y a quelques jours, Anita s'était étonnée tout haut en trouvant la porte d'un musée close:
- C'est curieux, j'étais persuadée qu'il était ouvert... Pourtant... il est fermé!
Un passant qui l'avait entendue, a commenté, lui aussi tout haut:
- Ca, c'est un beau pléonasme!
Chose à ne pas dire à une prof de français, comme en témoigne l'échange qui s'en est suivi:
- Ah non, monsieur, je regrette, ceci n'est pas un pléonasme!
- Mais si voyons! Vous ne savez pas ce qu'est un pléonasme, voilà tout! - Un pléonasme, c'est par exemple, "monter en haut" ou "descendre en bas". Je ne vois pas où est le pléonasme dans mon propos.
- Oh, c'est bon, ça ressemble quand même à un pléonasme! Vous n'allez pas en faire une histoire!
- ...!
Petite anecdote sans conséquence allez-vous penser? Détrompez-vous: rien ne reste sans conséquence quand je suis dans le coup. Rien!
Cela s'était produit il y avait quelques semaines et pourtant, l'incident avait encore le don d'agacer ma chère Anita. En bonne amie, dans le but avoué de changer de conversation, de l'amuser mais aussi de la provoquer GENTIMENT, j'ai commenté l'anecdote:
- Effectivement, il y a de quoi être vert devant tant de mauvaise foi. A sa décharge, pourtant, je trouve que tu aurais dû donner un exemple plus évocateur. Quelque chose du genre: "enseignant en grève" . Un truc sans équivoque en somme.
Chers lecteurs, voici l'ingrédient par excellence qui donnera un peu de piment, d'agressivité, de méchanceté, de mauvais sentiments à vos dîners, s'ils vous semblent trop fades et à vos conversations, si elles vous insupportent par leur mièvrerie. Attention, je ne veux pas dire que notre échange était fade - avec Anita, c'est une chose impossible. C'est simplement ce goût pour la provocation, un vieux démon qui m'habite et auquel je ne parviens que très rarement à résister. A l'attention de mon cher voisin l'autre jour, je m'étais ainsi donné le rôle de l'étendard des revendications des fonctionnaires: il pouvait s'égosiller jusqu'à trépas, c'était pour mon plus grand plaisir. Quelle jubilation. [Pourtant, quand les profs ne sont pas là, c'est moi qui récupère nos sympathiques, remuantes, fatigantes, agaçantes, horripilantes mais adorables chères têtes blondes. Voilà une excellente définition du masochisme]
Le truc, c'est qu'il est facile de lancer un boomerang... Encore faut-il savoir le rattraper. Pour illustrer l'avant/après, une caricature me vient immédiatement à l'esprit...
Bon, nous n'en étions pas tout à fait arrivés à ce stade, même si j'avoue qu'à côté, mon cher voisin m'a semblé moins... disons... coriace? Passionné? Hem... j'ai intérêt à peser mes mots - ceux là même qui vont sans nul doute être lus par les intéressés. Moralité: attention à ce démon de la provocation qui sommeille en chacun de nous. Un boomerang mal rattrapé, ça doit faire mal - je suppose.
A bon entendeur...
PS: je viens d'envoyer un mail à mon cher Thomas, un ami Allemand qui m'a sauvé d'un mauvais pas grâce à un simple sms...
"Tu es loin d'imaginer à quel point ton message est bien tombé: nous étions en train de parler des fonctionnaires, le sujet polémique par excellence! Forcément entre les titulaires, les non-titulaires et ceux qui n'ont rien avoir avec l'éducation nationale... le débat est vite devenu houleux! Et là, come un prince sur son beau cheval blanc, tu es intervenu avant que je ne dise quelque chose sous le coup de la colère pour le regretter l'instant d'après. Quel beau témoignage de l'amitié franco-allemande!"